mercredi 31 mars 2010

C'est la poésie qui nourrie l'homme


L’arbre monte vers le ciel pour en capter la poésie et la lumière, la pureté et la beauté. De par son tronc transite le merveilleux, puis de leurs deltaïques ramifications ses racines en nourrissent la terre. Notre nourriture est avant tout céleste. Le monde matériel ne peut exister que fertilisé par le merveilleux. C’est la poésie qui nourrie l’homme.

En s’appuyant sur des arguments matérialistes pour inquiéter, les écolos sont responsables de la pire pollution qui soit, celle qui tuant toute poésie, toute transcendance divine, fait de la peur un marché. Les écolos sont au service de l’argent, les écolos participent à la destruction de la vie.

On pourrait comparer le marché des énergies nouvelles basé sur la crainte de l’empoisonnement et de la mort au marché des indulgences dont se servait le clergé pour soutirer un maximum d’argents aux croyants.

On ne construit rien de beau de fort et de durable en s’appuyant sur la peur.

Goulven

L'enfant Roi


Debout à bord de l’autobus numéro trois. Un tout petit enfant couché dans son landau me fait face. On se regarde intensément. Il a l’air grave et enjoué d’un demi dieu, sur de lui fier et dominateur. De sa petite main il agrippe le bord de l’oreiller, avec le panache l’élégance et la conviction d’un archevêque maniant sa crosse. D’où tient il une telle prestance, une telle autorité, une telle élégance ? La mère qui veille ne peut voir son rejeton car debout également, elle est positionnée de telle façon que la capote du landau fait écran. Tout en bavardant avec une amie elle est attentive aux gazouillements du bébé, aux soubresauts que les mouvements désordonnés du petit corps transmettent par saccades.

L’autobus qui nous transporte relie le Mourillon au quartier des Routes, c’est à dire le bord de mer, les plages, aux contreforts de la montagne qui domine Toulon et que l’on nomme Faron. Etymologiquement, Faron vient de l’égyptien ancien pharaon qui voulait dire lueur, lumière et par extension bien sûr, le guide suprême, celui qui par sa grâce et les liens privilégiés qu’il entretient avec les dieux, éclaire son peuple, lui indique la route à suivre. Dans le même registre, Tsar signifie en russe étoile, lumière dans le ciel et Louis quatorze fut souvent qualifié de despote éclairé.

L’enfant dans son berceau me fait penser à un roi tout puissant, débonnaire et redoutable. L’enfant sait, car il vient d’arriver de cet infini qui nous fait peur et où nous retournerons. La capote de la poussette c’est la voûte céleste et la mère attentive et cachée, c’est le dieu invisible partout présent. L’enfant tire son pouvoir de la mystérieuse communication maternelle. Ses yeux semblent me dire : « Tu vois, je suis le maître de l’univers, car elle est là, tout prés. Le ciel, les étoiles, c’est elle. Je n’ai pas besoin de la voir, je n’ai pas peur des ténèbres, car ma lumière c’est elle. Demande moi n’importe quoi, je peux tout pour toi ».

De la même façon que l’enfant régénère la vie grâce au souvenir encore frais chez lui de l’infini d’où il vient et vers lequel nous nous dirigeons, l’arbre régénère la terre. Son tronc est une route par laquelle de haut en bas circule la poésie du cosmos, un savoir infini capté par les plus hautes branches et leurs feuilles. Au niveau du sol, lieu magique où le divin croise le terrestre, le tronc se sépare, se deltaïse en racines, qui comme des chemins vicinaux, des rues, des ruelles, s’en vont tel un orchestre tzigane faire écouter aux entrailles de la terre la musique céleste.

Goulven 2010

mardi 23 février 2010

Histoires sculptures et volupté






C'est l'attention portée aux choses et aux êtres qui fertilise les rencontres
Les histoires ne peuvent exister en elles mêmes, elle doivent s’incarner dans les personnages qui en sont les acteurs. Une histoire n’est pas bonne ou mauvaise en soit, c’est la façon de la raconter qui lui donne force et saveur. quoi de plus attristant qu’un quidam essayant de faire rire en racontant, ou plutôt en récitant une histoire qui se veut drôle, une histoire qu’un autre quidam lui a transmise. On ne rie pas d’une histoire, on rie du personnage qui la raconte.
On ne peut décider à l’avance de ce qui va être dit dans une conversation. Beaucoup de gens confondent la conversation avec le discours, la discussion, la polémique, qui sont destinés à convaincre l’interlocuteur, à imposer un point de vue.
La conversation est un échange subtil où les interlocuteurs jouent des mots, des phrases, et des silences, un échange où il n’est pas nécessaire d’être d’accord pour être en accord.
Un homme et une femme peuvent dire d’énormes stupidités et pourtant leur conversation est riche, belle et subtile car ils s’y adonnent avec volupté. L’attirance qu’ils ont l’un pour l’autre transforme les pires banalités en chant sublime. C’est parce qu’ils se séduisent qu’ils chantent juste.
Il en est de même avec la sculpture qu’avec les histoires. Quoi de plus fade de plus triste qu’une forme reproduite, quoi de plus lamentable qu’un art au service de……..
La matière, l’outil, la contrainte, l’espace, sont en perpétuel dialogue. Il suffit de s’immiscer dans la conversation.
C’est l’attention portée aux choses et aux êtres qui fertilise les rencontres.





Le fond de la pensée encrasse l'intelligence


Au fond de la pensée comme au fond d’un réservoir à essence, il y a des impuretés, des particules indissolubles. Si on roule avec un réservoir presque vide, les impuretés se rassemblent en son fond, s’unissent pour encrasser le carburateur qui de ce fait n’assure plus correctement le mélange d’air et d’essence, provoquant des ratées et autres disfonctionnements techniques pouvant aller jusqu’à la panne.
L’intelligence est un carburateur dont la fonction est de mélanger la pensée à la réalité pour qu’elles s’enflamment au contact de l’émotion.

C’est avec des idées futiles, légères et superficielles
qu'il faut l’alimenter (l’intelligence), des idées qui ne nous appartiennent pas, des idées que l’on butine. Le fond de la pensée encrasse l’intelligence, la sclérose, empêche le mélange de s’enflammer, d’exploser au contact de l’émotion.



L’université de Toulon et du Var condamnée pour la destruction d’une sculpture monumentale. Jugement du tribunal de grande instance de Marseille en date du 23 Mai 2019.
Contrairement aux arguments avancés par l’UTV, et  magistralement réfutés par mes avocats, (voir note 1)  RIITAGAAN n’a pas été détruite pour des raisons de sécurité, RIITAGAAN a été détruite avant même d’être inaugurée car elle portait atteinte à l’entre-soi universitaire, lamentable pendant de l’entre-soi communautariste et je n’hésiterai pas à plagier l’immense Garcia Marquez en donnant pour titre à la saga Riitagaanesque :     Chronique d’une destruction annoncée.
L’UTV a été condamnée pour le démantèlement de l’épave du navire Riitagaan (dont elle avait elle-même provoqué le naufrage vingt quatre années auparavant) sans en avertir l’armateur, à savoir l’état français qui avait financé l’œuvre dans le cadre du 1% artistique et le commandant, à savoir moi-même, le sculpteur.



Un peu de mou pour les chats?


UN PEU DE MOU POUR LES CHATS ?
Un peu de mou pour les chats, Madame ? C’est en ces termes que le boucher après avoir encaissé et rendu la monnaie à ma mère lui faisait cadeau de quelques abats, car dans les années cinquante le kit cat, le pâté ronron, le wiskass et autres aliments pour félins domestiques n’existaient pas.
Nous avions deux chattes, Hubelotte et Rababaoup, la mère et la fille. L’enfant que j’étais alors passait beaucoup de temps à observer leurs caractères, à analyser leur psychisme, à anticiper leurs réactions et à les provoquer, mais sans jamais recourir à la moindre souffrance physique.
Les deux minettes prennent le fraie dehors. J’ouvre la porte du frigo, en sort un gros morceau de mou, m’empare de deux énormes couteaux de cuisine et tout en les frottant l’un contre l’autre : « Les mimines, Hubelotte Rababaoup…venez vite…hou, hou…la bonne viande…vite vite vite ! » Rapides comme l’éclair la mère et la fille bondissant du fond du jardin se retrouvent au garde à vous devant moi. Avec les gestes lents et onctueux d’un évêque j’ouvre la porte du frigo, je replace la viande dans le frigo, je referme la porte du frigo : « C’était pour rire n’est pas, il faudra revenir demain ou même après demain peut être. »
Dépitées déçues excédées, la mère et la fille s’en retournent miaulant des insultes intraduisibles à l’encontre du petit salaupiaud que je suis, puis la rancœur dont je devrais être l’objet faisant place au conflit de génération les deux chattes s’insultent, se donnent des coups de patte, se crachent au visage, comme si elle s’accusaient mutuellement d’être responsables de mon comportement. Cela me met en joie mais mon père est furieux, il dit que je suis un pervers et un lâche : « Un jour cette bête t’arrachera un œil et elle aura raison. »

MA, GOULVEN, TOU è OUN SADIQUE !
Quelques vingt années ont passées. Par une chaude après midi aoutienne je viens d’acheter un petit ventilateur oscillant. Je le pose sur la table, le branche et le met en marche. Tandis qu’elle tourne à toute vitesse, l’hélice lentement oscille de droite à gauche, de gauche à droite, balaye l’espace de son rafraichissant courant d’air. C’est fonctionnel, cela fait du bien, ce souffle d’air en pleine canicule. Mais…au plafond j’aperçois un piton qui ne sert à rien. Un bout de ficelle…vite ! J’attache l’une de ses extrémités à la grille de protection de l’hélice, l’autre au piton du plafond. Vous voyez le tableau ? Suspendu dans les airs le ventilo. Le fil d’alimentation électrique pend sous le socle. Je rebranche, je met en marche. Quel spectacle ! Je ne vous le décrirai pas, essayez par vous même, c’est fort simple.
On sonne à a porte. C’est Giorggio Spiller, un ami italien, un sculpteur : « Ma, Goulven, tou è oun sadique. »


C’est dans un vas et vient permanent entre ces deux anecdotes que se construit ma sculpture. Le disque abrasif tourne à grande vitesse, sillonne (crée des sillons) la plaque de tôle. Il l’informe. Puis je provoque des tensions que je pousse jusqu’aux limites de la rupture. Comme avec les deux mimines ou avec le ventilateur, jamais de violence, jamais de brutalité. Je ne contrains pas la tôle, je ne la plie pas à ma volonté, à mes caprices. Je ne me sers pas de la matière pour m’exprimer, je permets à la matière de s’exprimer. En la caressant et en la provoquant je lui fais dire tout ce qu’elle a à dire, tout ce qu’on ne lui a jamais demandé.
Les tensions débouchent sur une crise, apparaît le mur, la frontière, la rupta, faisant naitre d’un plan infini deux plans distincts semblables et opposés, deux espaces finis, deux vies limitées. La monotonie est rompue, la pesanteur est vaincue, la plaque s’érige fière, verticale.

DU VIVANT VERS LA MATIERE, DE LA MATIERE VERS LE VIVANT
Pour les mêmes raisons que je ne vous décrie pas les douloureuses contorsions du ventilateur, je ne vous décrirai pas mes sculptures. Pour ce qui les concerne, je ne vous dit pas essayez vous même, car elles sont la conséquence d’un va et vient permanent du vivant vers la matière, de la matière vers le vivant ; des mimines vers le ventilateur, du ventilateur vers les mimines.
La frontière entre le vivant et la matière est beaucoup plus floue que ce que l’on pourrait penser. Je suis capable de souffrir si l’on traite mal la matière. Bien sur, je tords la tôle, je l’entaille, je la chauffe jusqu’à fusion, mais toujours avec respect et délicatesse. Je fais en sorte qu’elle se mette en valeur, qu’elle montre le meilleur d’elle même. Un peu comme le matador vis à vis du taureau, je n’hésite pas à me mettre en danger pour être toujours plus près.
L’important n’est pas le résultat, mais la chorégraphie qui tout au long de la fabrication se joue entre le sculpteur et la matière.

lundi 15 février 2010

Scrupuleusement


C’est parce qu’ils essayent de traduire scrupuleusement le fond de leur pensée (ce qui est absolument impossible et d’ailleurs peu souhaitable) que les bègues (pardon il ne faut pas dire les bègues mais les personnes à répétition verbo linguistique non contrôlée) achoppent sur les mots.

vendredi 12 février 2010

Piéger l'infini


En essayant de piéger l'infini l'homme inventa la roue.

Etre compris


Je ne veux surtout pas être compris car être compris c’est être circonscrit, c’est être classé, c’est être oublié.

Nature recomposée






-De l’improbable accouplement du feu et de la pierre naquit le fer, maître de l’ombre et des ténèbres, instrument satanique de la violence et de la mort. Depuis ce jour l’homme quelle que soit son degrés d’évolution, son mode de vie, ses convictions politico-religieuses, n’a cessé de l’opposer au bois, à l’arbre, à la forêt source de régénérescence éternelle, symbole de douceur maternelle de puissance patriarcale, de respect des ancêtres, de savoir infini.

-Est-ce l’humain qui sur ces deux matériaux antagonistes projeta sa force et sa faiblesse, sa violence et sa douceur, son instinct de mort et son instinct de vie ? Est ce l’antagonisme de ces deux éléments qui au cours des âges façonna le caractère de l’homme ?

-Lorsque le bois et le fer s’allient dans la complicité ils forment des couples diaboliques : le manche de la hache du marteau ou de la faux, le pommeau de l’épée, la crosse du fusil ou du révolver.

-C’est en nous immiscent à l’intérieur de la relation fer/bois, faite de tensions, d’amour, de complicité et de haine que nous allons sculpturalement parlant intervenir dans l’univers sylvestre. Le but n’est pas de montrer des sculptures au milieu des arbres, mais de mettre en évidence, de faire ressortir toute la poésie de la grande saga qui depuis des millénaires unit le fer au bois.

-Composer une musique d’acier et de feu, faire danser les arbres.

Goulven 2009