mardi 23 septembre 2008

L’aérodynamique est à la beauté des forme ce que la sélection naturelle est à l’évolution de l’espèce.La pierre, la courbe, le signe, la cassure, le rectangle.


La pierre, la courbe, le signe, la cassure, le rectangle.

Les galets polis par la mer, l’érosion atmosphérique, ont acquis des formes naturelles, organiques, vivantes. Sur ces galets, au moyen d’une disqueuse je trace des signes de mon alphabet…….bribes de phrases, dates, citations, noms propres…….la phrase commence sur une pierre et continue sur l’autre. Chaque pierre est une page, l’ensemble des pierres forme la paroi de la caverne sur laquelle est inscrite l’histoire. Le disque abrasif de la machine tourne à grande vitesse, d’où la pureté des lignes gravées. Le sillon, la trace laissée par le disque s’apparente à la trajectoire d’une Formule Un, d’une moto roulant à grande vitesse, au sillage d’un navire, d’un avion supersonique, d’une fusée……..la vitesse crée la pureté. Je grave et découpe toujours à la disqueuse sur le fer et sur la pierre car mes lignes sont des routes, d’où le nom de Ruptagaan employé pour nommer une série de sculptures (Rupta signifie la route en latin, la route au sens de rupture, sillon, saignée. Le Yatagan était le sabre utilisé par les soldats ottomans. Ruptagaan est un mot valise formé à partir de Rupta et de Yatagan). Une découpe au plasma ou à l’oxyacétylène ne produirait absolument pas les mêmes effets.

Je prend un galet au hasard, puis sans regarder le positionnement des signes dont je l’ai gravé, je trace un rectangle et je découpe toujours à la disqueuse, toujours selon le même rituel, quatre entailles qui se superposent sur chaque face du galet, puis je donne un violent coup de marteau qui provoque la cassure suivant la forme rectangulaire tout en gardant la mémoire du choc, de l’explosion..

Toujours la même dialectique entre la courbe informelle, vivante, imprévisible et le rectangle cartésien……la cage…..le classement……les abscisses et les ordonnées, la latitude et la longitude. La pensée logique et l’instinct.

L’aérodynamique est à la beauté des forme ce que la sélection naturelle est à l’évolution de l’espèce. Ce qui est vrai pour la trajectoire est vrai pour la forme du mobile, de l’engin, du véhicule…….l’aérodynamique est née de la vitesse……..l’aérodynamique, c’est en quelque sorte une érosion qui use, qui arase, qui rabote qui supprime tout ce qui offre trop de résistance à l’air. La vitesse fait en quelques secondes ce que l’érosion fait en des centaines de millions d’années, mais le principe reste le même…..tout ce qui est superflu, fragile, tout ce qui est obstacle doit disparaître.

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